Homélie – Solennité de la Sainte Trinité

.
C’est aujourd’hui la fête de la Sainte Trinité.
Ce mot pour parler de Dieu n’existe pas dans la Bible. Et, avant de devenir un dogme de foi défini par l’Église, ce mystère de la Trinité est une expérience, l’expérience des apôtres, celle des chrétiens, et la nôtre aujourd’hui.

L’expérience des apôtres d’abord.
Les disciples de Jésus avaient hérité, bien sûr, de la foi de leur peuple, le peuple juif. Ils croyaient au Dieu de l’alliance, au Dieu de la promesse qui viendrait libérer et sauver le peuple qui avait trahi cette alliance. Pour le prier, ils reprenaient les mots des psalmistes : Dieu est notre rocher, un abri, une forteresse, un chemin, une lumière.L’expérience des premiers disciples, c’était d’abord cela.

Puis ils ont fait une autre expérience. Pendant trois ans, ils ont partagé la vie de Jésus. Après sa mort, ils se sont souvenus de la manière dont il avait vécu, de la façon dont il était mort en aimant et pardonnant. Ils se sont souvenus des mystérieuses apparitions où ils l’avaient revu vivant. Ils ont acquis la certitude que Jésus n’était pas un prophète comme les autres. Quand il parlait, quand il agissait, c’était Dieu qui parlait et qui agissait. Ils l’ont entendu parler de son Père et déclarer : »;Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ». Ils ont osé croire et osé dire que Dieu lui-même s’était rendu visible dans l’existence de cet homme. Enfin ils étaient sûrs que le Christ était encore et toujours avec eux par son Esprit qu’il leur avait promis en les quittant, l’Esprit qui leur donnait la force de proclamer son nom partout, en dépit des difficultés.

L’expérience des chrétiens.
Si le mot de Trinité n’a jamais été prononcé par les apôtres et les premiers chrétiens, cela ne les empêchait pas de célébrer avec foi Dieu, Père, Fils et Esprit. A la suite des hésitations et des confusions sur Jésus et sur l’Esprit Saint au sein des nouvelles communautés chrétiennes, il s’est avéré nécessaire de traduire le mystère de Dieu dans un langage qui ferait référence. C’est à la suite des conciles de Nicée en 325 et de Constantinople en 381 que l’Église a adopté ce concept de Trinité. Parce qu’il rend parfaitement compte du mystère de Dieu pour les chrétiens. Tri-unité. Ce mot paradoxal conjugue à la fois la nature unique de Dieu et la relation distincte des trois personnes : Père, Fils et Esprit. Par nature, Dieu est Amour. Mais cet amour ne peut s’exprimer que dans une relation à autrui. Ce qui permet d’approcher le mystère de la Trinité comme étant le mystère d’une relation d’amour au cœur même de Dieu.

Notre expérience aujourd’hui
Nous sommes un peu comme les apôtres. Avant de connaître la formulation théologique de la Trinité, nous en avons l’expérience depuis notre baptême En effet, nous avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est pourquoi, chaque jour, chaque dimanche, et au début de chaque messe, nous traçons sur nous le signe de croix dans lequel nous reconnaissons bien la croix mais pas toujours la
Trinité.
Au nom du Père, la main sur le front, le siège de notre réflexion. C’est de là que part notre vie Nous affirmons comme le faisaient déjà les apôtres, que le Père est source de la vie.
Au nom du Fils, la main sur le cœur, lieu symbolique de l’amour. Nous affirmons que le Fils nous a aimés jusqu’à partager notre vie humaine et à nous donner la sienne.
Au nom du Saint Esprit, la main sur une épaule, c’est l’Esprit qui nous aide à porter le poids de notre vie et à marcher sur le chemin un peu fou de Jésus.

Aujourd’hui, il y a quelque chose que nous pouvons faire à l’égard de la Trinité de plus heureux encore que de la contempler et l’imiter : c’est d’entrer en elle ! Nous ne pouvons pas saisir l’océan, mais nous pouvons y entrer ; nous ne pouvons pas comprendre le mystère de la Trinité mais nous pouvons y entrer ! Et précisément, ce soir, (ce matin), dans cette église, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ. Mais, toute la prière eucharistique est adressée au Père, par Jésus et dans l’Esprit. Dans quelques instants, nous allons communier et c’est au Père
que nous demanderons « qu’ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit en un seul corps. » (PE2)

Ainsi, à défaut de comprendre le dogme de la Trinité que nous célébrons, nous sommes invités dès maintenant à entrer dans son intimité.

Hubert Ploquin, diacre

Sources :

Livre du Deutéronome (4, .32-34.39-40) « C’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre; il n’y en a pas d’autre.»
Psaume 32 (33) « Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu ».
Lettre de St. Paul aux Romains (8, 14- 17) «Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; en lui, nous crions « Abba  » Père !» ».
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (28, 16-20) « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit »