Homélie – Fête du Saint Sacrement – 12ème dimanche du temps ordinaire

L’Eucharistie, sacrement de l’amour de Dieu pour nous, sacrement de l’Espérance pour notre monde.
Jour de fête comme chaque dimanche. Jour de fête de l’eucharistie : Fête du St Sacrement, de l’eucharistie, mémoire du dernier repas de Jésus. C’est tout cela à la fois. Il y aurait énormément de choses à dire sur l’eucharistie, mais après avoir entendu Dieu nous en parler lui-même à l’instant par son Esprit, je vous propose à partir de là de nous concentrer sur les paroles et gestes de Jésus. Mais je n’oublie pas que c’est notre fête paroissiale de la fin d’année pastorale au cours de laquelle nous pensons à vous tous les bénévoles nombreux, souvent peu ou pas connus qui mettez vos pas dans ceux du Christ pour
servir Dieu et vos frères : quelle belle invitation à l’Espérance en cette année jubilaire !

Il leur parlait , il prit : à la messe, comme Jésus
Dieu, dans la parole qu’il nous transmet par les saintes écritures, nous renvoie aux paroles et gestes de Jésus. Comme la vie chrétienne, la messe c’est comme Jésus : comme Jésus a dit et fait. Jésus parlait du règne de Dieu. Comme Jésus l’a dit autrefois, il vient de nous parler du règne de Dieu. Jésus qui prend, bénit, rompt, donne le pain. Comme Jésus l’a fait autrefois, nous allons prendre le pain, bénir, rompre et communier.
Comme Jésus l’a dit et fait autrefois, ce sont les deux moments de la messe que depuis que Jésus est ressuscité, l’Eglise ne cesse de faire. Depuis ce que Jésus a fait, nous faisons la même chose. Même s’il y a plus ou moins de chants, de lectures, de personnes, il nous faut à chaque fois aller jusqu’à cette source toujours actuelle. A chaque messe, nous recevons la tradition de l’Eglise.
C’est pour cela qu’il nous faut sans cesse revenir à Jésus en tout, mais plus particulièrement pour la messe, comme Paul nous y invite, sinon la messe ne sera au mieux qu’un beau souvenir sinon la
succession parfois incompréhensible de paroles, de gestes, de rites, mais pourtant si nécessaires, puisqu’ils sont pour nous comme les langages de l’amour de Dieu pour nous.
Plus nous aurons cette familiarité avec Jésus dans notre connaissance des Ecritures, plus nous verrons que chaque moment de la messe y renvoie. Nous l’avons vu pour les grands moments de la messe. Mais c’est
vrai dès le début et pour chaque temps de la messe.
Le signe de croix renvoie à Jésus qui dit de baptiser « au nom du Père et du Fils et du St Esprit. », qui nous rappelle que la messe se vit comme baptisés.
La préparation pénitentielle reprend le cri adressé à Jésus d’un homme blessé sur le bord de la route.
La gloire à Dieu, est le chant des anges lors de la naissance de Jésus et le rappel de vie et la mission de Jésus.
Les lectures évidemment renvoient à Jésus, mais surtout les psaumes sont la prière même de Jésus
Ensuite, prendre le pain, c’est ce que Jésus a fait : accueillant ce don comme autrefois Melkisédek, comme il l’a fait au moment de son dernier repas
Bénir, c’est l’attitude profonde de Jésus envers son Père. Tout au long de sa vie ce fut une action de grâce.
Rompre, c’est le geste par lequel les disciples d’Emmaüs reconnaissent Jésus.
Donner : la multiplication des pains, c’est Jésus qui se donne au monde entier, chaque messe multiple sa présence au plus près de tous, car Dieu multiplie l’amour qu’il est en lui-même pour tous. Savons-nous
regarder le monde, nos vies avec ce regard, cette conscience que Jésus est au plus près de nos vies ?
La familiarité avec Jésus est aussi renforcée par notre prière personnelle chaque jour : merci, pardon, s’il te plaît, que nous vivons à la messe. Merci ou l’action de grâce, pour ce que Dieu est et fait pour nous, le
début du Notre Père, et la prière eucharistique. Le pardon au début de la messe, mais aussi avant de communier, le s’il te plaît, prière pour les autres.
Ainsi pouvons-nous à chaque moment de la messe nous associer à Jésus qui prie avec nous en ce moment.
Parfois, on pense que l’on ne recevra Jésus vraiment qu’au moment de la communion, mais avons-nous compris que nous le recevons dans sa Parole, « corps du Christ qui tombe dans nos oreilles » (St Jérôme
cité par Benoît XVI, Verbum Domini, 2010, n° 56). A chaque moment, il est avec nous de manière différente à chaque fois comme le sont les langages de l’amour. Les rites, prières, paroles, sont les
langages de l’eucharistie, sacrement de l’amour de Dieu pour nous

Donnez-leur vous-mêmes à manger
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » : cette phrase récapitule ce que nous avons à vivre comme chrétiens et en paroisse : Annoncer, célébrer, servir.
Célébrer nous avons vu comment Jésus l’a fait et ce que nous faisons. Ce qu’il nous invite à vivre :
annoncer, servir. Comme le Christ, annoncer et servir.
Nous sommes le corps du Christ, devenons ce que nous recevons. Avec lui, vivre la messe et notre vie en synergie : Nous avons besoin de lui, de sa force, de son Esprit pour annoncer et servir.

Et Jésus a tout autant besoin de nous, de chacun de nous. Comme chaque pierre d’une église, chacun est indispensable. Soyons ce que nous recevons : des bénévoles, de ceux qui veulent bien être comme Jésus.
Par notre annonce et notre service, Jésus avec nous se rend présent et multiplie sa présence à travers ce monde. Que faisons-nous de nos vies ? Laissons-nous transformer par Lui.
C’est pourquoi ce sacrement nourrit notre espérance, réellement, avant même tout ce que nous pourrons dire, chanter ou faire, le fait d’être ici atteste au monde entier visuellement, audiblement, réellement, la
présence de Jésus.
Avons-nous conscience de cela ? Il ne s’agit pas d’ajouter à ce que nous vivons, mais de vivre intensément, animés par son Esprit, chaque parole, chaque geste, chaque rite de la messe, sacrement de l’amour multiplié de Dieu.

Michel Leroy, curé

Gn 14,18-20 Saint Sacrement C
Ps 109
1 CO 11, 23-26 Bx Célestin et Michel en Val de Cens
Lc 9, 11b-17