Homélie de la Transfiguration : Dimanche 6 août

Bien chers frères et sœurs,
Au cœur de l’été, alors que nombre de nos fidèles s’en vont vers la mer pour prendre du repos ou pour des rencontres familiales, Jésus nous fait gravir la montagne. La jeunesse se retrouve autour du pape à Lisbonne. Dans la parole de Dieu, le prophète Daniel contemple un « Fils d’homme ». Une figure qui sera révélée à la lumière de la résurrection. Saint Pierre parle de la gloire magnifique du Père indiquant Jésus comme « fils bien aimé » dans la deuxième lecture. L’Evangile clarifie tous ces textes et oriente notre mission. Partant de l’évangile, frères et sœurs, découvrons le message central de la transfiguration et son implication pour nous aujourd’hui.

Le passage d’évangile que nous venons d’entendre, marque un moment délicat dans la vie des apôtres. Jésus venait d’annoncer sa mort (Mt 16,21). Il venait de dire crument : “ Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.” (Mt 16,24-25). Les disciples sont déconcertés et perturbés.

Devant ce climat de désespérance, Jésus veut remonter le moral de ses disciples. Il choisit trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean pour une expérience unique. Avec eux, il gravit une haute montagne : cela rappelle Moise au Sinaï. (Ex 24,9). Ces trois apôtres seront avec Jésus à Gethsémani au moment de son agonie (Mc 14,33). La gloire du Sinaï et la souffrance du Gethsémani se contrastent. Cela dit, elles sont toutes les deux inséparablement unies dans toute vie. Il n’y a pas de gloire sans croix.

Au sommet de la montagne, saint Mathieu signale l’apparition de Moïse et d’Elie deux grandes figures du Sinaï. (Cf. Ex 24,15-16 y 1 R 19,8). Jésus fut transfiguré devant eux ; « son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière ”. Désormais, ils contemplent la gloire et parlent avec celui qui est la révélation de Dieu en personne. Une nuée, signe de la présence divine, entoure le groupe.

Pierre ne put s’empêcher de crier sa joie : “Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. ». Sa demande exprime le vœu de tout cœur humain, demeurer dans le bonheur, dans la présence de Dieu.

Une voix se fait entendre de la nuée : “ Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ”. L’expression “mon Fils bien-aimé”, renvoie au sacrifice d’Isaac avec Abraham : prends “ton fils bien-aimé ”. Il y a un parallèle entre la scène dramatique de la Genèse dans laquelle Abraham est prêt à sacrifier Isaac qui l’accompagne sans résistance, et le drame qui va être consumé au Calvaire où le Fils accepte de mourir sans se défendre pour la rédemption du genre humain. Notons cependant que ni pour Isaac, le fils d’Abraham, ni pour Jésus, le Fils du Père, Dieu n’exige la mort de personne. La Transfiguration a préparé les apôtres à endurer le scandale de la Croix.

Quelle actualité cette transfiguration peut avoir sur chacun de nous ? Ecoutons le pape François :
« j’aimerais tirer deux éléments significatifs de cet épisode de la Transfiguration, et en faire la synthèse en deux mots : la montée et la descente. Nous avons besoin d’un endroit écarté, de gravir la montagne en un espace de silence, pour nous retrouver nous-mêmes et mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Or nous ne pouvons pas y demeurer. La rencontre de Dieu dans la prière nous pousse encore à descendre de la montagne, à regagner la partie basse, la plaine, où nous retrouvons tant de frères affligés par la fatigue, les maladies, les injustices, les ignorances, la pauvreté matérielle et spirituelle. C’est à nos frères qui traversent des épreuves que nous sommes appelés à porter les fruits de notre expérience avec Dieu pour partager avec eux la grâce reçue. » Voilà ce qui nous attend après cette célébration. Aller témoigner des merveilles de Dieu. Porter la lumière du Ressuscité au monde par notre lutte contre toutes les formes de peurs, de paralysies, de désespérances et de misères. Montons à la table du Seigneur et redescendons pour nous offrir comme pain pour le monde. Puissent les jeunes réunis à Lisbonne, à leur retour des JMJ vivre cette réalité parmi nous.

Père Jean-Marie Ouédraogo