Homélie – 7ème dimanche du Temps Pascal – Journée mondiale des communications sociales

 

La prière de Jésus et les communications : le défi de l’intériorité…

 

Entre Ascension et Pentecôte, ce dimanche est donc marqué par la redécouverte de l’Esprit Saint et de son action. Il se trouve aussi que ce dimanche est le dimanche des moyens de communication sociale. Le Pape François évoque ce que l’on appelle l’intelligence artificielle. Face à cette réalité, il pense qu’il « doit se constituer un nouveau type humain, doté d’une spiritualité plus profonde, d’une liberté et d’une intériorité nouvelles ». »[1] Le Pape nous invite donc, si on veut entrer dans une humanité nouvelle, à développer l’intériorité puisqu’il s’agit de comprendre cette intériorité, repartons de ce que Jésus lui-même a fait dans sa prière, pour éclairer ce qui est nommé intelligence artificielle le thème de réflexion de cette journée, pour retrouver la liberté intérieure.

La prière de Jésus
Jésus prie. Prenons quelques instants, faisons cette expérience d’entendre à nouveau le Christ prier….
L’intimité à laquelle le Christ nous convie est celle de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. En effet, ces paroles sont adressées par Jésus à son Père. Rares paroles dont il nous faut prendre vraiment conscience. Ils nous parlent du lien entre eux deux par l’esprit. Il y a un lien très fort entre Jésus et son Père, c’est une prière qui est adressée, en présence de son Père, Jésus reprend toute sa vie et la lui présente. Une prière à un moment crucial, c’est pour cela qu’elle est appelée sacerdotale, parce qu’il présente à son Père tout ce que fut sa mission au cœur de sa vie vis-à-vis des disciples dont il veut que vivant dans l’unité, ils soient au cœur du monde préservé du Mauvais. Une prière qui récapitule toute la mission de Jésus. Dans ce regard sur sa vie, n’oublie absolument pas ses disciples, qu’il confie à son Père, qu’ils soient comme Lui, consacrés.

Communication et sagesse du cœur :
Nous sommes donc face à une prière qui vient du plus personnel du plus profond de la vie du Christ, de sa mission de salut qui a été toute sa vie. Nous entendons cette prière alors que nous sommes
face à un défi jamais vécu jusqu’auparavant le risque de perdre notre spiritualité, notre intériorité. Je n’en veux pour exemple que ce dont témoignent des communautés religieuses, monastiques, qui nous disent qu’avec l’avènement d’internet, de la sollicitation des écrans, il devient plus difficile, voire impossible à des jeunes de vivre une vie intérieure qui leur permette de tenir une vie contemplative. En effet, nous sommes à un moment où l’on parle d’intelligence artificielle, alors qu’il faudrait sans doute mieux parler d’informatique avancée[2] puisque cette dite intelligence n’est en fait qu’une suite de programmes
mathématiques. Pour bien situer ces défis d’une communication pleinement humaine, qui ne détruit par notre intériorité, le Pape nous dit dans son message pour ce jour : « C’est à l’homme de décider s’il veut devenir la nourriture des algorithmes ou nourrir son cœur de liberté, sans laquelle on ne grandit pas en sagesse. Cette sagesse mûrit en tirant profit du temps et en embrassant les vulnérabilités. … celle qui, passant par des cœurs purs, prépare les amis de Dieu et les prophètes (cf. Sg 7, 27) : elle nous aidera à aligner même les systèmes d’intelligence artificielle sur une communication pleinement humaine.»[3] fin ce citation, autrement dit ne pas laisser l’outil nous accaparer, mais savoir le maitriser.

Grandir en intériorité pour savoir communiquer
C’est ainsi que nous revenons à notre intériorité, si nous voulons une communication pleinement humaine, elle doit repartir de ce que nous sommes profondément et le Pape François de nous dire que
« L’information demande de mettre en relation non seulement des données, mais des expériences ; elle exige le visage, le regard, la compassion ainsi que le partage. »[4]
C’est justement ce que Jésus a fait dans sa prière et que ses disciples nous ont transmis, communiqué. Ils attestent que le Père a envoyé le fils comme sauveur du monde. Avec l’aide de l’Esprit Saint, nous saurons, comme les disciples l’ont fait, discerner ce qui est en jeu dans ce monde.
A savoir, nous avons à communiquer, transmettre, annoncer ce qui, par Jésus-Christ, avec Lui, et en Lui, donne vie, relève, accompagne, soutient, et que l’on appelle les fruits de l’Esprit : « Voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Ga 5,22-23) .
La prière de Jésus est alors notre modèle, par ce que nous essayons de nous situer dans le projet de Dieu, de le comprendre. A ce propos, que recueillons dans ce temps de Pâques de ce que la résurrection de Jésus nous donne de vivre ? Saurons-nous comme lui, prendre ce temps où nous nous situons face à notre Père, nous lui présentons, nos frères et sœurs, nous tourner vers les autres, discernant ce dont ils ont besoin, l’unité, la communion, gardés du mauvais, ce que nous faisons à chaque prière universelle qui devient un des moments de notre prière sacerdotale. Pour nourrir notre cœur de liberté, «puissions-nous éprouver qu’il demeure avec nous jusqu’à la fin du monde, comme lui-même l’a promis. » (Prière d’ouverture, 7ème dimanche de Pâques)

+ Michel Leroy

[1] Cf Romano Guardini, Lettres du lac de Côme, cité par pape François, message, journée mondiale 2024
[2]https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/20/tout-comprendre-a-l-intelligence-artificielle-cette-technologie-source-de-nombreux-malentendus_6228954_4355770.html
[3] Conclusion message.
[4]https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/communications/documents/20240124-messaggio-comunicazioni-sociali.html