Jeudi dernier nous avons fêté l’Ascension, le retour du Seigneur Jésus-Christ vers son Père, notre Père.
Nous avons entendu à cette occasion, dans les Actes des Apôtres, deux hommes en blanc dire aux apôtres : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le Ciel » ?
Justement, les lectures d’aujourd’hui nous invitent à regarder vers le Ciel, non pas par curiosité, ni par sidération ; nous voyons en effet Étienne, puis Jésus, lever leurs yeux vers le Ciel dans une attitude de prière sous l’action du Saint-Esprit..
Regardons d’abord Étienne. En fixant le ciel du regard et rempli de l’Esprit Saint, il a eu la vision de la gloire de Dieu. Cette vision rend à Étienne sa sérénité, malgré le sort qui l’attend.
Étienne est un des premiers hommes choisis par les apôtres pour le service des tables, et que l’Église considère comme la préfiguration des diacres.
Au chapitre 7 des Actes des Apôtres, nous pouvons lire qu’Étienne annonce l’évangile avec empressement, et démontre aux auditeurs du grand conseil, que toute l’écriture depuis Abraham, Moïse et les prophètes, conduit à affirmer que Jésus est le messie.
Étienne accuse ensuite ses interlocuteurs, avec véhémence, d’avoir livré et assassiné Jésus. Alors quand Étienne affirme que Jésus est à la droite de Dieu et qu’il en est le fils, il pousse à bout les membres du grand conseil.
Dans le passage d’aujourd’hui, nous voyons donc Étienne. louer sereinement Dieu, dans une confiance totale, alors qu’il sait qu’il va mourir.
Dans cette confiance totale, au moment de mourir, avec la force que donne l’Esprit-Saint, il prie comme Jésus a prié sur la croix, nous l’avons entendu : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Et il trouve également dans cette confiance, la force d’intercéder pour ses bourreaux : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ».
Regardons maintenant Jésus, dans l’évangile que nous venons d’entendre. Jésus va être livré pour subir sa passion et sa crucifixion.
Après avoir intercédé pour ses disciples, Jésus intercède ensuite pour ceux qui croiront en Lui grâce à la parole des disciples, c’est à dire pour ceux qui deviendront disciples à leur tour. Donc finalement Jésus intercède pour nous qui nous rassemblons en Son nom ! Oui, Jésus intercède pour chacun de nous, aujourd’hui ! Quelle joie, quelle espérance !
Et dans sa prière d’intercession auprès du Père, avez-vous retenu ce qu’il demande pour chacun d’entre nous ?
Tout d’abord, il demande pour nous l’unité : « Qu’ils soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé », à l’image de l’unité entre Jésus et son Père.
Cette recherche d’unité qui doit nous motiver pour répandre l’évangile et donc accompagner notre responsabilité de disciples missionnaires, est une préoccupation particulière de notre pape Léon XIV : en effet, il a choisi pour devise « En Celui qui est Un, nous sommes Un ». Notre évêque est lui-aussi sensible à l’unité, sa devise étant « Afin que tous soient un ».
Dans notre monde divisé, qui a tendance à se cloisonner dans une forme de communautarisme, qui devient rapide à rejeter ceux qui pensent différemment, ceux qui vivent différemment, ceux qui croient différemment, il y a un vaste champ d’action !
Et pour chacun de nous, comment nous attachons-nous à cultiver l’unité, pour faire réellement communion ? Ne sommes-nous pas parfois tenté de mettre à l’écart de nos relations celui qui ne vit pas sa foi catholique exactement comme nous ? Par ses attitudes différentes, par ses dévotions différentes, par sa sensibilité liturgique différente, etc … Faire Un, être en communion les uns avec les autres ne signifie pas rechercher exclusivement l’uniformité ! Jésus lui-même ne nous a-t-il pas dit : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » ? (Jn 14,2).
Pour que l’Église vive, il y a donc besoin de ce qu’on pourrait appeler de la « biodiversité spirituelle », pour autant que bien sûr que cette variété de sensibilités conduise à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Alors, à l’image de Jésus et à la suite d’Étienne, nous pouvons demander, dans notre prière, que l’Esprit-Saint aide notre regard à s’orienter vers les réalités du ciel, et qu’ainsi nous soyons ouverts, avec sérénité, à la
différence qui nous entoure. Prions l’Esprit-Saint pour que le désir de communion soit le plus fort ! Il y va de la crédibilité du message de l’évangile dans notre monde !
Après avoir demandé pour nous l’unité, Jésus demande, dans sa prière d’intercession pour nous, à ce que l’amour de Dieu pour Jésus vienne demeurer en nous. Nous sommes donc chacun aimés par Dieu, et nous
sommes invités à faire vivre le désir, pour chacun de nous, d’aimer comme Jésus, ce désir qui doit nous aider à œuvrer pour que la communion devienne une réalité.
Aimer comme Jésus, c’est porter attention au plus faible, au laissé pour compte, c’est être attentifs au besoins de nos frères et sœurs, dans le souci de notre maison commune : ces aspects sont liés, comme le rappelait le pape François, dans son encyclique prophétique « Laudato’Si » en 2015, il y a 10 ans, je le cite : « La logique qui ne permet pas d’envisager une préoccupation sincère pour l’environnement est la même qui empêche de nourrir le souci d’intégrer les plus fragiles » (LS n° 196). Donc l’attention aux plus fragiles et l’attention à la création sont indissociables.
Et la vie du plus fragile a autant de valeur que toute vie ; à quel titre l’être humain peut-il s’autoriser à éliminer le plus fragile de manière anticipée ?
Les évêques de France y voyaient un dévoiement de la fraternité (communiqué de mars 2024).
Nous voyons donc bien que la recherche de l’unité et de la communion accompagnée de la pratique de l’amour de Dieu et de la confiance en la présence agissante de l’Esprit-Saint ont des conséquences concrètes dans notre vie quotidienne.
Demandons donc la force de l’Esprit-Saint, pour qu’il nous aide à tourner notre regard vers l’espérance des réalités d’en haut et qu’il nous donne la grâce de faire vivre cette espérance selon notre état de vie, dans l’attente du retour du Seigneur ; Amen, viens Seigneur Jésus !
Guillaume Amelin, diacre