Homélie – 32ème dimanche du temps ordinaire

Pour lutter contre nos endormissements, les moyens de recevoir Dieu

Cette parabole de Jésus est étonnante. Les noces sont pour nous synonymes de joie. Quand les personnes sont invitées, on les accueille à n’importe quelle heure ; même si elles sont en retard. Et voilà que l’Epoux refuse d’accueillir les retardataires. En plus, si elles sont en retard, c’est à cause d’une histoire d’huile.
Avouons-le, les retardataires n’ont pas été aidées. Les prévoyantes, n’auraient-elles pas pu donner de l’huile aux autres ? N’ont-elles pas fait preuve d’égoïsme ? On a l’impression d’une injustice, alors que les unes comme les autres connaissent l’Epoux et qu’elles sont toutes endormies, pourquoi certaines sont accueillies et pas les autres ? Pour bien comprendre les paraboles, dissipons un premier malentendu. Une parabole, c’est un peu comme la « cigale et la fourmi ». Le plus important ce n’est pas de savoir si oui ou non des cigales parlent à des fourmis « Elle alla crier famine chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter » ; mais que cela nous apprenne quelque chose pour nous même. La parabole de Jésus provoque à la réflexion, elle interpelle. Nous risquons tous de nous laisser endormir, engourdir, anesthésier, nous lasser dans notre foi, pour cette raison, il faut être prévoyant.

Les endormissements, anesthésies de la foi

Jésus nous avertit sur nos endormissements, nos sommeils, nos inerties. Soit c’est un manque d’attention sur qui Il est. Comme dans la parabole, ces vierges sages ou folles connaissent l’époux. Connaître l’époux, connaître Jésus-Christ, c’est notre cas. On le connait, on en parle. On parle en son nom. Nous portons même son nom de chrétiens. Avons-nous compris qu’il est autre chose que quelqu’un dont on parle au passé avec de belles paroles. Il est la Sagesse. Il se laisse contempler, il devance nos désirs, il nous recherche, il vient vers nous. C’est-à-dire qu’il est vraiment une personne.
De nombreuses objections peuvent se rencontrer vis-à-vis de Jésus. Là, certains disent, c’est une bonne blague. Même si jamais il a existé, cela fait 2000 ans qu’l est mort, n’en parlons plus. Le comble, comment peut-il être vivant, alors que l’on ne le voit pas ?
Cela peut être aussi, comme le dit Jésus dans une autre parabole, le fait que les soucis de la vie nous empêchent de croire vraiment qu’il peut quelque chose pour nous.
On peut s’engourdir on s’habitue de voir qu’on retombe toujours dans les mêmes défauts. Et puis les autres nous énervent toujours autant.
La situation de l’Eglise peut aussi nous fatiguer. Dans le monde, depuis le temps qu’on parle d’amour de justice et de paix et que l’on ne voit rien arriver, peut-on encore y croire ? Rien ne peut changer.
Mais, c’est alors que l’on commence à s’endormir, que l’on a l’impression que rien ne peut changer, qu’il faut croire que cela peut changer. Cela est une décision personnelle, et c’est la pointe de la parabole. Rien ni personne ne peut vous obliger à rester en éveil pour recevoir Dieu.

Recevoir Dieu, les moyens

C’est entre nos mains. C’est justement ne pas se bercer d’illusions. Regarder la réalité en face et y faire face. La religion chrétienne est une religion de décision.
Cette parabole doit nous préparer à changer notre attitude. Les jeunes filles ont toutes dormi. Mais certaines avaient prévu. L’huile dans la lampe, c’est un peu comme l’essence pour la voiture, ou le rechargement électrique ça se prévoit, ca se renouvelle. C’est notre désir de voir Dieu, de le rencontrer, de le recevoir.
Il faut prévoir, passez-moi l’expression, qu’on n’est pas plus fin que les autres et que l’on a besoin de signes pour tenir dans la foi.
N’allons pas trop loin, nous avons tout à portée de main, de cœur, d’esprit.
C’est être prêt à recevoir à tout moment, Jésus et son Esprit, chaque jour du temps.
C’est le cas, lors de cette messe, lors de chaque sacrement et en particulier lors de ce baptême. C’est d’abord Dieu qui veut plonger cet enfant dans son amour.
Nous avons la Parole. Une petite dose par jour n’a jamais fait de mal. Le Psaume dit: « ta parole est une lampe sur mes pas »..
Nous avons la communauté. C’est le signe de que nous sommes membres du Christ qui nous donne son Esprit d’amour.
C’est Le recevoir dans l’attention à l’autre, nous l’entendrons bientôt.
Nous avons cette terre dont il faut prendre soin, notre maison commune. J’ai parlé de Jésus, la Sagesse. On ne pourra jamais s’habituer à penser que Dieu s’est fait homme, parce que précisément, c’est ce qui est le plus dur à imaginer. Il est venu sur cette terre, c’est ce que Noël nous rappellera non pas pour nous donner des leçons, mais pour nous montrer que vivre, c’était vivre dans l’espoir que Dieu se révèle pour nous un peu plus chaque jour. Ca, ça change la vie. C’est pour cela que beaucoup se sont mis à sa suite.

Nous avons tous ces moyens, soyons-y attentifs. Nous en avons réellement besoin. Jésus n’est pas un extra- terrestre qui va un jour débarquer. Il fait partie de notre vie que nous le voulions ou non. Il nous faut nous décider à vouloir le rencontrer par ces moyens. Le plus important est de savoir si nous sommes prêts à l’accueillir.
Mais ce ne sont que des moyens. L’important, c’est ce qu’ils préparent en nous la rencontre avec Dieu dès maintenant mais aussi plus tard. Soyons prêts à recevoir Jésus, chaque jour du temps, pour le recevoir à la fin de notre vie.

+ Michel Leroy, curé