Après les festivités de Noël et du 1 er janvier, nous avons repris le cours de nos activités ordinaires : travail, études, engagements, rencontres, lecture, repos, prière, ce qui fait notre vie de tous les jours… L’année liturgique nous invite aussi, après ce temps privilégié de Noël, à vivre le temps ordinaire, signifié, à l’autel par nos étoles vertes. Temps ordinaire ne veut pas dire temps banal sans importance. Au contraire, nous sommes invités à voir dans les petits ou grands évènements de notre vie, tout ce qui est merveilleux, tout ce qui est don de Dieu… le reconnaître et dire merci.
Après le baptême de Jésus et le choix des premiers disciples, Jésus commence sa vie publique dans la vie ordinaire des hommes et femmes de son temps pour faire signe et annoncer la bonne nouvelle. La première manifestation publique de Jésus est un mariage à Cana. Jésus et Marie sont invités et partagent la joie des mariés et des convives. Mais, la fête risque d’être un peu gâchée, car on manque de vin. Le scénario décrit par Jean dans l’Évangile se déroule avec comme acteurs, Marie, Jésus et ses disciples, les serviteurs et le maître du repas.
Marie est attentive à ce qui se passe et s’aperçoit de l’embarras des serviteurs. Elle dit à Jésus : « ils n’ont plus de vin » et donne la consigne aux serviteurs : « faites tout ce qu’il vous dira ». Les paroles de Marie dans les évangiles sont rares et précieuses. Nous les avons rencontrées à l’annonciation et lorsque Jésus, à 12 ans, était resté au Temple. Elle intervient dans cette noce, pour que la fête soit joyeuse et pleine de vie. Nous la retrouvons seulement à la fin, au pied de la croix.
Jésus entend la requête de sa mère, mais répond sèchement : « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Jésus est en décalage avec sa Mère, comme il l’a été quand il est resté au temple de Jérusalem à 12 ans, alors que ses parents s’en retournaient à Nazareth. C’est que l’heure de Dieu n’est pas l’heure des hommes. L’heure de Dieu c’est l’heure où le projet de Dieu s’accomplit en Jésus-Christ. Mais Jésus a entendu la demande de sa mère, il a souci des hommes et femmes de la noce et dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les jarres », puis « puisez et portez-en au maître du repas. »
Les serviteurs obéissent à Jésus, qui s’est adressé directement à eux. Ils sont les seuls dans la confidence et font confiance en puisant l’eau et en la versant dans les jarres de pierre. Ils sont les premiers à voir l’eau changée en vin, les premiers à voir le signe de Jésus en cette journée de noces à Cana.
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » Ces noces, avec l’eau changée en vin, ce n’est pas un simple épisode de la vie de Jésus. C’est le commencement. Ce premier signe de Jésus évoque et introduit le projet de Dieu pour l’humanité. Remarquons d’abord que Jésus transforme l’eau en vin pour la joie des convives : Les miracles de Jésus sont faits pour le bonheur des hommes et pour les sauver de situations difficiles…
Ce premier miracle se réalise lors d’un mariage, fête de l’amour et de l’alliance entre deux personnes. Ce n’est pas un hasard. « Les Pères de L’Eglise ont vu dans le miracle de Cana la réalisation de la promesse de Dieu : la fête des noces de Dieu avec l’humanité débute là. » (M.N. Thabut) Par ce signe de l’eau changée en vin, Jésus nous introduit dans le grand mystère du projet de Dieu pour l’humanité, mystère d’alliance, mystère d’amour, mystère des noces éternelles où Dieu se lie avec l’humanité. C’est la réalisation de la prophétie d’Isaïe « cette terre deviendra l’épousée ». Isaïe ne manque pas de mots pour décrire la
relation de Dieu avec son peuple : « On te nommera ma préférée, on nommera ta contrée « mon épouse », car le Seigneur met en toi sa préférence et ta contrée aura un époux, » etc… C’est le langage de l’amour.
Ce signe n’est qu’un commencement, nous dit Saint Jean. Il pointe déjà vers le dernier repas où Jésus partage le pain et le vin avec ses disciples. Il offre, dans ces signes du pain et du vin, son corps livré et son sang versé pour la multitude. A Cana, ce sont les prémices de la nouvelle alliance de Dieu avec l’humanité ; alliance qui sera définitivement scellée dans la mort et la résurrection du Christ.
C’est à Cana que les disciples, pour la première fois, ont vu la gloire de Jésus et « crurent en Lui » nous dit l’Evangile.
Jésus, après Cana et avant sa Pâques, passe trois années au milieu des hommes et des femmes de son temps. C’est ce que nous verrons dans ce temps liturgique ordinaire de 2025. Au fil des dimanches nous lirons et écouterons l’évangile de Saint Luc. Cet Evangile est très riche en épisodes de la vie de Jésus et en paraboles. A nous de les méditer, de voir ce qui nous parle, d’identifier ce qui fait signe pour notre vie. Cana était le premier signe, Il y en a beaucoup d’autres dans la vie publique de Jésus. Ces signes sont toujours orientés vers la vie. Jésus guérit les malades, relève, invite à changer de vie, pardonne…
A chacun de nous de s’interroger sur sa façon d’être disciple, à la suite de Jésus. Il n’y a pas un modèle de chrétiens ; il y a de multiples façons d’être disciple et serviteur. St Paul dans la 2ème Lecture, nous dit bien : « les dons de la grâce sont variés…, les services sont variés… les activités sont variées, mais c’est le même Seigneur. » En cette année Jubilaire, nous sommes invités à témoigner et à faire signe, chacun à sa manière, de l’Espérance qui nous habite…
Yves Michonneau, diacre