Homélie – 2ème dimanche du Temps de l’Avent

Dans l’évangile de saint Matthieu, Jean-Baptiste nous annonce la venue de Dieu chez les hommes et femmes de son temps ; rien que cela dans ce Jésus que Jean-Baptiste va baptiser… l’Emmanuel dans notre histoire humaine… Jésus est parmi nous, « Je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Alors, il nous faut préparer les chemins du Seigneur, et pas seulement en achetant des cadeaux et des chocolats dans les grandes surfaces où Noël est déjà là, dans le « bling-bling » et l’apparence, où rien n’est attendu, où rien n’est gratuit et où tout est à acheter. Triste noël mercantile, si l’on en reste à ce stade… alors que Noël, c’est le don de Dieu aux hommes, c’est la gratuité de l’Amour, c’est la manifestation de la tendresse du Père pour l’humanité.
Le peuple de Dieu va célébrer la naissance de Jésus et dire son espérance dans l’attente de son retour. Pendant ce temps de l’avent, il nous faut préparer les chemins du Seigneur, préparer notre cœur, nous convertir.

Le Messie est venu dans un monde qui ne l’attendait pas ; un monde hostile que souligne Saint Mathieu en évoquant, au chapitre 2 de son évangile, le massacre des enfants de Bethléem, ceux que l’on appelle « les saints innocents » et la fuite en Egypte. Aujourd’hui, l’attente du Messie n’est pas vraiment au cœur des préoccupations de notre société et du monde… Et dans beaucoup de pays, les chrétiens sont marginalisés voire persécutés.
Et pourtant, pour nous chrétiens, le projet de Dieu pour l’humanité est un projet de vie, de bonheur qui prend corps dans la naissance de Jésus et qui se réalisera pleinement au retour du Messie à la fin des temps. Saint Paul nous le redit dans le passage de l’épitre aux Romains que nous venons de lire : « Frères, tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints, l’a été pour nous instruire, afin que grâce à la persévérance et au réconfort des Ecritures, nous ayons l’Espérance. » Oui, nous attendons que le dessein de Dieu pour l’humanité se réalise et nous travaillons à son avènement.
Déjà, Isaïe et le psaume que nous venons de lire, expriment l’attente du Messie. Sur la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira. « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : Esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Dieu ». Habité par l’Esprit de Dieu, il conduira son peuple comme Dieu le veut.  Il instaurera un ordre nouveau où les piliers seront « la justice », « la fidélité », « le souci du faible et du pauvre ».
Le peuple des croyants, est un peuple qui espère, qui surmonte les difficultés avec persévérance et patience. Les chrétiens de Palestine, fortement éprouvés par la guerre à GAZA et les attaques des colons en Cisjordanie, se préparent, dans leurs ruines ou au milieu des menaces, à célébrer Noël sur cette terre qui a vu Jésus naître, vivre et mourir. Avec eux, nous allons célébrer sa venue parmi nous à Bethléem et nous mettre dans l’attente de son retour à la fin des temps. Nous sommes, au 21 ème siècle après Jésus Christ, dans le temps de la
Foi et de l’Espérance, cette période intermédiaire qui a commencé après l’ascension du Christ. Par la présence de l’Esprit de Dieu au cœur de notre monde, le Royaume de Dieu est déjà là ; il est en germe et en construction, parfois dans la douleur. Mais nous attendons et espérons son accomplissement à la fin des temps… Enfin, un Royaume de justice et de paix.

Pour accueillir Jésus, il nous faut préparer les chemins du Seigneur, préparer notre cœur, nous convertir.
Jean-Baptiste est dans le désert de Judée. Ce n’est pas un hasard. Le désert est le lieu où le peuple hébreu, avec Moïse, fait l’expérience du manque, de la soif, de la faim et de sa fragilité. Pour nous, le désert, c’est un lieu où le superflu disparait, où les distractions deviennent rares, où nous nous retrouvons face à la nature, à nous-même et à Dieu. C’est un lieu de vérité, si nous y consentons. Un peu comme dans une retraite spirituelle vécue dans le silence.
C’est un lieu où nous pouvons ajuster notre vie par rapport à nos aspirations profondes, éclairés par l’Esprit de Dieu, Esprit de sagesse, de discernement et de conseil.
Les lectures de ce jour nous invitent à prendre des attitudes conformes à l’Esprit et à la façon de vivre de Jésus.
– D’abord, comme le dit Saint Paul aux Romains : espérer grâce à la persévérance et au courage que donne l’Ecriture ». Pourquoi ne pas nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, en lisant, par exemple, chaque matin, l’évangile du jour ?
– Ensuite, 2ème attitude, nous accueillir les uns les autres avec nos cultures et sensibilités différentes. Les juifs et les convertis d’origine païenne dans les premières communautés chrétiennes ont eu du mal à s’ajuster. Et nous dans nos communautés, avec nos différentes sensibilités ? Echanger, nous connaître, faire un pas vers l’autre…
– 3ème attitude : témoigner de la bienveillance de Dieu et de sa miséricorde pour tous les hommes. Aller au-delà des apparences, faire droit aux malheureux et prendre soin du faible et du pauvre, comme le dit le psaume… C’est plus facile à dire qu’à faire, et cela passe souvent par un changement du regard sur les plus petits, sur ceux que l’on ne voit pas dans nos quartiers et qui sont transparents pour la société…
– Enfin, 4ème attitude, faire œuvre de sagesse et de discernement ; se mettre personnellement, dans une attitude de disponibilité envers le Seigneur pour faire le tri entre ce qui est bon et mauvais dans nos vies, pour couper les branches malades en nous afin de porter de bons fruits.
Jean baptisait dans l’eau pour purifier les juifs de leurs péchés ; Jésus lui, baptise dans le feu de l’Esprit Saint pour brûler la paille et le bois mort, et engranger le bon grain. C’est lui en définitive le seul juge. « Qui suis-je pour juger ? » disait le Pape François.

Yves Michonneau, diacre