Homélie – 22ème dimanche du Temps Ordinaire

« Béni soit le Seigneur, il élève les humbles ».
Ce refrain que nous avons chanté avec le psaume de ce jour résume bien le thème principal des textes de ce dimanche : Nous sommes invités à cultiver l’humilité.
Mais qu’est-ce que l’humilité, pour nous chrétiens ?
Nous n’aurons pas le temps d’être complets sur ce sujet, nous évoquerons seulement quelques éléments de réflexion.
Le catéchisme de l’église catholique, nous présente l’humilité volontaire comme la «pauvreté dans l’esprit » (CEC 2546) La pauvreté dans l’esprit, ou la pauvreté de cœur, est selon la première des béatitudes que nous lisons dans l’évangile selon Saint Mathieu, une voie essentielle pour notre salut « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,3)
Donc voilà un premier éclairage : rechercher l’humilité volontaire est, pourrait-on dire, une pierre angulaire pour le salut du chrétien.
Dans le monde qui nous entoure, dans notre quotidien, l’humilité est-elle considérée comme une vertu ou plutôt un signe de faiblesse ? En effet, notre société nous pousse parfois à nous mettre en avant pour récolter de la reconnaissance aux yeux de notre entourage ou de la société. Ce besoin d’être admiré, de s’auto-glorifier est présent dans la nature humaine depuis le début ; souvenons-nous de la promesse du serpent dans le livre de la Genèse : « le jour ou vous en mangerez » (le serpent parle de l’arbre  de la connaissance du bien et du mal), « vous serez comme des dieux » (Gn3,5).
Ce désir personnel de puissance sans dépendre de Dieu résume en quelque sorte l’orgueil humain qui est à l’opposé de l’humilité volontaire.
Et en ce temps de rentrée scolaire, que souhaitons-nous comme progrès pour nos enfants, nos petits-enfants ? Qu’ils soient les plus forts, qu’ils soient ceux qui réussissent le mieux ? Ou bien qu’ils soient attentifs à ceux qui ont des difficultés, qu’ils apprennent à respecter la différence ?
Revenons au refrain que nous avons chanté avec le psaume : « Béni soit le Seigneur, il élève les humbles ». Ce refrain est inspiré du Magnificat, l’exultation de la vierge Marie lors de la rencontre avec Élisabeth, que relate l’évangéliste Luc et que nous avons entendu lors de la messe du 15 août, et qui est également prié tous les soirs à Vêpres.
Nous pouvons élargir notre regard sur les versets du Magnificat qui mettent en perspective les humbles et les orgueilleux :
«Déployant la force de son bras, il disperse les superbes, Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.. »(Lc1, 52-53)
Dieu nous propose ici un renversement par rapport à la société qui nous entoure. Les superbes sont ceux qui ont de l’orgueil dans leur cœur ; nous sommes ainsi invités à ne pas admirer ceux que nous pourrions trouver superbes, c’est à dire ceux qui se complaisent dans leur orgueil, et que la société, les médias, tentent de nous montrer comme admirables.
Notre Dieu est toujours du côté des humbles et des petits, et les orgueilleux et les puissants ne sont pas sur le chemin qui mène à Lui. Ces versets du Magnificat ont même été considérés comme une force subversive, notamment par certains gouvernements qui les avaient supprimés, comme en Argentine ;
le pape Jean-Paul II, lors de son voyage en 1982, avait dû lire publiquement cette version expurgée du Magnificat.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous donne donc une illustration concrète pour nous entraîner à l’humilité : rechercher et choisir la dernière place.
Mais en réalité, la dernière place ne serait-elle pas déjà prise par le Christ lui- même ? Se diriger vers la dernière place, signifierait alors aller vers le Christ qui nous attire pour nous purifier, et qui se tient à genoux devant l’Homme pour lui laver les pieds. Jésus se tient proche des humbles et des petits.
C’est pourquoi Jésus nous propose l’abaissement, pour que nous soyons élevés par Dieu. Comme le rappelle la première lecture que nous avons entendu :
« Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur »
Même si Jésus s’est abaissé en prenant notre condition humaine dans l’incarnation, (Ph 2,5-11) il n’a pas cependant renoncé à être lui-même. Il ne s’est pas écrasé devant les puissants, il a notamment tenu tête aux chefs religieux. Il n’est pas resté passif devant les souffrances de ses contemporains, en particulier les plus démunis.
L’humilité de Jésus nous éclaire aussi, en nous invitant à être nous-mêmes, à progresser dans la connaissance de nous mêmes, en gardant à l’esprit que chacun de nous est unique aux yeux de Dieu, et que nous sommes aimés par Dieu de manière unique pour chacun et chacune d’entre-nous.
La fin de l’évangile nous propose aussi une autre illustration de la recherche de l’abaissement : par l’exemple d’une réception, et du choix des invités, Jésus nous demande de donner gratuitement sans espérer de retour immédiat.
Alors pour suivre le Christ sur un chemin d’humilité, nous pouvons esquisser quelques repères :
Tout d’abord apprendre à se connaître soi-même, c’est à dire accepter ses limites et reconnaître sa dépendance à Dieu en reconnaissant dans la prière
que « sans Lui nous ne pouvons rien faire » (Jn 15,5).
Ensuite se méfier de son orgueil, donc éviter de rechercher la reconnaissance
immédiate ou les honneurs.
Puis revêtir comme Jésus le tablier de serviteur, sans chercher de récompense.
Enfin, apprendre à pardonner et à demander pardon, car l’orgueil rend aveugle alors que l’humilité ouvre les voies de la réconciliation avec les autres et avec
Dieu.
La règle de St Benoît et ses 12 échelons vers l’humilité peut également enrichir notre réflexion.
Le chemin vers l’humilité n’est cependant pas dépourvu de souffrances, Jésus nous l’a montré en allant jusqu’au bout et en donnant sa vie pour nous. Mais comme Jésus, la recherche de l’humilité peut nous aider à accepter volontairement les injustices que nous pouvons subir.

Alors rendons gloire au Dieu d’amour qui humblement se fait pain du partage
dans le repas de l’eucharistie que nous allons vivre maintenant.

Guillaume Amelin, diacre