Homélie – 14ème dimanche du Temps Ordinaire

Paix et joie sont les deux mots forts des textes d’aujourd’hui, Ils se déclinent dans les textes de ce jour en réjouissance, allégresse, consolation,miséricorde… Il y a deux semaines, j’ai été invité par l’équipe d’aumônerie de la maison de retraite du Gué Florent pour participer à la célébration eucharistique. Une trentaine de résidents étaient présents et une vingtaine de personnes ontreçu le sacrement de l’onction des malades ce sacrement. Ce fut un moment paisible, joyeux, priant ; et l’opportunité pour moi de retrouver des voisins et des personnes en fin de vie dont certaines ont été pendant des années au service de
la paroisse… Après la messe, pendant un moment d’échange avec les uns et les autres, j’ai été très touché par une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui ne parle pratiquement plus et qui m’a tendu ses mains que j’ai prises avec délicatesse. Après quelques mots à son égard et un court silence, elle m’a dit « c’était bon ». Visiblement, elle avait vécu un temps de consolation en recevant le sacrement. Avec l’équipe d’aumônerie et toutes ces personnes en fin de vie, je pense que Jésus dirait à tous ceux qui étaient là, les missionnés et résidents : « le règne s’est approché de vous ». Jésus envoie aujourd’hui ses disciples en
mission annoncer la bonne nouvelle et les invite à être des artisans de paix.

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Déjà Jésus recherchait des disciples missionnaires, car il manquait d’ouvriers pour sa moisson.
Tout d’abord, Jésus envoie 72 disciples, ce qui signifie, dans la symbolique des chiffres de la Bible, que la mission concerne tous les disciples, et pas seulement les 12 apôtres. Donc rien ne nous dispense de témoigner de la Bonne Nouvelle. Comme chrétiens, nous sommes tous envoyés.
Jésus « les envoya deux par deux, devant lui, dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller ». Pas de solo, on ne travaille pas pour soi, à son compte, mais pour annoncer le Royaume de Dieu. Et quand les disciples reviennent et qu’ils relisent ce qu’ils ont vécu, Jésus leur dit de se « réjouir parce que leurs noms sont inscrits dans les cieux » mais pas parce qu’ils ont fait des choses
extraordinaires. Nous travaillons en Eglise, pas pour notre gloriole, mais pour
annoncer et bâtir le Royaume de Dieu.

Dieu appelle, et, comme le disait le Pape François dans « la joie de l’évangile », nous sommes tous invités  » à accepter cet appel et à avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’évangile « . Notre paroisse, communauté évangélisatrice, avec ses bénévoles, est appelée, selon les mots du pape François, à se mettre « dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s’abaisse… et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple. »
N’est-ce pas ce qui est vécu dans les maisons de retraite, dans les prisons, avec les équipes d’aumônerie, dans l’accompagnement des plus démunis, tous les « sans » : sans papiers, sans logements, sans travail…
Et, plus loin dans « la Joie de l’évangile » : une paroisse missionnaire, « est présence ecclésiale sur le territoire » et « en contact avec les familles et la vie du peuple. » . D’où l’importance des bénévoles pour répondre aux besoins d’éveil à la foi et de catéchèse pour tous les âges de la vie, des plus jeunes aux adultes qui demandent le baptême…
Une communauté chrétienne « évangélise et s’évangélise elle-même par la beauté de la liturgie, laquelle est aussi célébration de l’activité évangélique et source d’une impulsion renouvelée à se donner. »  Dans tous ces domaines, n’entendez-vous pas cet appel ? « La moisson est abondante, mais les ouvriers
sont peu nombreux ».

Le retour de mission des 72, est joyeux. Pourtant Jésus a envoyé ses disciples « comme des agneaux au milieu des loups ». C’est dire que la tâche n’a pas été facile. Les chrétiens sont souvent en contradiction avec l’esprit du monde où la force, le pouvoir, l’argent font souvent la loi. Pour mettre fin aux conflits armés, nous sommes désarmés ; en général, notre seule arme, c’est la prière, Mais nous avons une responsabilité dans l’instauration d’un climat de paix dans nos milieux de vie. Notre pape Léon XIV a souligné la spécificité de la paix qui vient de Dieu : « C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmante, humble et persévérante, dit-il. Elle vient de Dieu, de Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. » Notre responsabilité comme chrétiens, c’est d’instaurer un climat de paix autour de nous. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord « Paix à cette maison. » ». Entendons cet appel du Christ, pour porter la paix à ceux que nous côtoyons, dans nos familles, dans notre quartier, au travail et nos différents lieux de vie. Où règne la Paix, la joie peut éclore et s’exprimer. Alors nous pouvons avoir la certitude que le royaume de Dieu s’est approché…

Pendant ce temps de vacances, chez vous ou ailleurs, soyons des artisans de paix, rayonnons de la joie de l’évangile, soyons des disciples missionnaires. Les occasions sont multiples si nous savons prendre le temps de nous ressourcer par la lecture, par la prière, par la contemplation de la nature, par les multiples rencontres que nous pouvons faire, par la découverte sur nos lieux de vacances de communautés chrétiennes… Les opportunités sont multiples. A chacun de les saisir.

Yves Michonneau, diacre