Homélie – 26ème dimanche du Temps Ordinaire

Frères et sœurs…
Nous avons des choix à faire… Des choix pas évidents ! C’est le quatrième dimanche de suite que la Parole de Dieu nous le rappelle avec insistance… Elle nous invite à des renoncements pour nous mettre en marche à la suite de Jésus-Christ… en le préférant à notre famille, à nos biens, à notre propre vie… en devenant ses disciples, … en devenant… selon le néologisme créé récemment par notre curé… des                  « christiens», autrement dit des supporters du Christ… des followers ! Aujourd’hui nous avons entendu les mêmes auteurs que dimanche dernier : le prophète Amos, l’apôtre Paul, l’évangéliste Luc ! Le message est
alarmant. Il est exigeant. Et la demande qui nous est faite, c’est de choisir entre un bien- être égoïste immédiat et l’attention aux personnes en souffrance, entre l’indifférence et la compassion, entre le confort matériel ou financier et la recherche d’une justice pour tous. Même s’ils sont toujours d’actualité, ces sujets ne datent pas d’hier.

750 ans avant Jésus, le royaume d’Israël vit une certaine prospérité qui accentue le déséquilibre social entre les riches et les pauvres. Il n’imagine pas la menace assyrienne qui approche. Le prophète Amos est envoyé pour tirer un signal d’alarme. Après leur avoir rappelé que « la racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent »; (v.10), il annonce le malheur à ceux qui exploitent les pauvres et se moquent de la justice du Dieu de l’Alliance. Comme dimanche dernier, il n’est pas tendre avec eux : « Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans […], ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ».

Le récit de Jésus aux Pharisiens n’est pas plus réjouissant. C’est encore le riche qui a le mauvais rôle puisqu’il finit en enfer. Faut-il en conclure que tous les riches iront en enfer et tous les pauvres au paradis ? Est-ce vraiment la justice de Dieu ? NON sûrement !
Car, heureusement, tous les riches ne sont pas mauvais !
Et, malheureusement, les pauvres ne sont pas tous bons.
Qu’est-ce qui est donc reproché à ce riche de l’évangile d’aujourd’hui ? Ce n’est évidemment pas d’être riche. Mais c’est de vivre sa richesse, exclusivement pour lui- même, sans se soucier des autres et en particulier des plus pauvres. Jésus ne nous dit pas que cet homme a fait quelque chose de mal. C’est au contraire dans ce qu’il n’a pas fait que se trouve le mal. Il n’a pas été attentif à la présence et à la souffrance de Lazare ; il n’a pas éprouvé de compassion pour sa misère. Il n’a rien fait contre Lazare, mais il n’a rien fait pour non-plus. Le mal, le péché, ce n’est pas toujours ce que nous faisons.  C’est souvent aussi ce que nous évitons de faire : « J’ai péché par action et par omission » disons-nous souvent au début de la messe.

A l’écoute de ces textes, nous pouvons nous sentir bousculés et mal à l’aise.
Un ami que j’interrogeais à distance sur ces Paroles de Dieu m’a écrit. Pour lui, la première lecture est un « appel on ne peut plus clair à sortir de son confort et à se tourner vers les autres ». L’évangile de ce jour est « difficile. Je ne peux pas croire [écrit-il], que le Christ nous demande d’être malade et pauvre ! Je crois qu’il nous demande de ne pas nous tromper de Dieu. Ne nous autocentrons pas, ne faisons pas de l’argent et du confort nos nouveaux dieux. » [Fin de citation] Je vous propose de reprendre quelques-uns de ces points.
1. Ne pas rester centrés sur nous-mêmes : ouvrons nos yeux, nos oreilles et nos cœurs sur la réalité du monde. Sortons de notre confort et acceptons de regarder la fracture entre les pauvres qui fuient la misère de leur pays et les sociétés prospères qui refusent de les accueillir. Ce serait si tentant de rester indifférents aux situations qui nous font peur parce que nous nous sentons impuissants !
2. Nous tourner vers les autres… Dans notre société les écarts croissants entre les revenus des classes aisées et ceux des plus modestes sont perçus comme des injustices. Ils encouragent un climat de haine et de violence individuelle et collective devant lesquelles les gouvernants sont désemparés. Dans ce contexte, les premières victimes sont les malades et les pauvres qui habitent dans nos quartiers comme Lazare au portail du riche. Les associations de solidarité comme les Restos du cœur et Partage Solidarité Orvault y sont attentifs et leur viennent en aide. Mais nous, savons-nous au moins saluer ceux qui font la manche, ceux
qui ne partent pas en congés, ceux qui cherchent du travail. Osons-nous leur
parler, les écouter, leur donner une place dans nos vies ?
3. Ne pas nous tromper de Dieu. Nous l’avons entendu dimanche dernier : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Quelle est donc la place que Dieu
tient dans notre quotidien, lui qui, selon Paul, « donne vie à tous les êtres » ? Est- il relégué au temps qui nous reste quand nous avons fini de vaquer à nos
affaires ?

Dans sa lettre à Timothée qu’il qualifie d’homme de Dieu, Paul encourage son ami à « rechercher la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur ». Cette invitation est pour nous un appel au combat, le combat de la confiance en Dieu, le combat de la foi. Ce combat nous pousse à participer à la construction du monde nouveau de justice et de paix. Il nous ouvre à l’espérance et nous fait entrer dès maintenant dans la vie éternelle. Parce que, nous le croyons :
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, pour toujours ! AMEN !

Hubert Ploquin, diacre

 

Du livre du prophète Amos (6, 1a. 4-7)
« La bande des vautrés n’existera plus »
Psaume 145 (146)
« Chante ô mon âme la louange du Seigneur ! »
De la première lettre de l’apôtre Paul à Timothée (6, 11-16)
« Garde le commandement jusqu’à la Manifestation du Seigneur. »
Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc (16, 19-31)
« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur »